Certaines n’avaient jamais vu la mer

Julie Otsuka

Richard Brunel restitue magnifiquement sur scène la dimension émotionnelle et la délicatesse du roman de Julie Otsuka. L’histoire en elle-même est d’une force inouïe (…) Sur le plateau du cloître des Carmes d’Avignon, qui a été habillé de grands rideaux blancs, ces voix multiples sont portées par sept comédiennes formidables (…)À elles s’ajoute Natalie Dessay, formidable elle aussi (…) Et les quatre comédiens qui endossent tous les rôles masculins ne sont pas en reste. Richard Brunel a conçu sa mise en scène de manière très cinématographique, jouant des temps et des lieux avec une grande fluidité. (…) C’est par l’intime que se dit l’Histoire, un intime multiple et féminin, en une polyphonie subtilement orchestrée.

Fabienne Darge, Le Monde

Ces tragédies silencieuses, ces destins brisés, ces vies douloureuses, l’adaptation théâtrale et la mise en Scène de Richard Brunel nous les rendent proches. La scénographie, les changements d’espace, l’utilisation mesurée de la vidéo, l’atmosphère feu­trée de la représentation alliée à la vivacité de son déploiement, tout retient et émeut ici. Les comédiens et comédiennes réunis sont tou­chants et savent donner une présence sensible aux personnages. On ne nous en voudra pas de distinguer, arrivant a la fin, blonde et très « Américaine », Natalie Dessay, ferme et bouleversante. Une très grande comédienne de théâtre.

Armelle Héliot, Le Figaro

Festival d’Avignon : Richard Brunel offre un tombeau aux Japonaises exilées. Le metteur en scène remémore l’histoire oubliée des femmes japonaises qui, des années vingt à la seconde guerre mondiale, vécurent dans une Amérique hostile… Par la prose poétique de Julie Otsuka, ces femmes reprennent place… Car la langue, ici, peut tout. En elle se loge l’exil, la domination et la résistance.

Béatrice Bouniol, La Croix

Un texte et une mise en scène dans un accord parfait. Un grand moment du In.

Jacky Bornet, Culture Box

C’est tout le livre (magnifique) de Julie Otsuka, mise en scène intelligemment par Richard Brunel qui retrace cette période. C’est un grand moment historique qui se déroule sous nos yeux. C’est la magie du théâtre qui nous le fait revivre. C’est très beau, sensible et émouvant. Des actrices qui vivent pleinement leurs personnages. Une soirée à partager, à découvrir vite!

Philippe Chavernac, Critique théâtre Paris Blogspot

La prose de Julie Otsuka parvient à nous au plus près du texte et de son esprit. Il faut se laisser faire par ce presque rien car Certaines n’avaient jamais vu la mer raconte une histoire oubliée, celle de l’exil et de ses avatars. Parce qu’au point d’orgue, Nathalie Dessay vient témoigner du vide indicible laissé par la fuite des Japonais. Parce que cette pièce exigeante pénètre lentement et dans l’après-coup nos esprits. Parce qu’enfin il aura été abordé les migrations et l’exil loin des jérémiades et des braillements habituels.

David Rofé-Sarfati, Toute la culture

Devant la mise en scène on ne peut plus réussie de ce destin collectif aussi étonnant que poignant, qui parvient à donner une dimension chorale à travers les portraits de femmes répliquées en vidéo, l’utilisation de la langue et des archives (…) les scènes de travail sont aussi parfaitement rendues à  travers une scénographie inspirée qui n’oublie jamais la direction d’acteurs.

Luc Hernandez, Guide culture

Dans une mise en scène délicate et élégante, le directeur de La Comédie de Valence retrace le destin méconnu de ces émigrées japonaises devenues parias américaines.

Vincent Bouquet, Les échos

L’histoire de ces jeunes Japonaises qui quittent leur pays… bouleverse. Un travail choral clair, mené par une troupe de qualité et illuminé par l’apparition de Natalie Dessay, qui, décidément, est une excellente et fine comédienne.

Armelle Héliot, Le Figaro

À la fois concrète et onirique, la mise en scène de Richard Brunel est pleine de jolie trouvailles de ce genre, très différente de celle de Julie Otsuka, qui met en mots dans son livre le parcours, ses ancêtres, la distance de l’artiste français face au pan d’Histoire raconté trouve au plateau une expression très juste. La belle scénographie d’Anouk Dell’Aria participe aussi à rendre vivantes les huit courtes parties qui composent le roman. Tout autour de la scène, des tissus blancs avalent les cris des femmes et permettent des transitions fluides. Presque fantomatiques. La douleur, dans Certaines n’avaient jamais vu la mer, ne s’attarde jamais. Démultiplié par des projections vidéo très sobres réalisées par Jérémie Scheidler, de facture quasi-documentaire, le chœur de la pièce est nimbé d’un étrange qui évacue tout pathos et accompagne avec élégance la poésie du texte. L’exil d’hier et d’ailleurs rejoint ainsi les déplacements d’aujourd’hui. Avec force.

Anaïs Heluin, Scène Web

La force du théâtre est de redonner souffle et vie à ceux que l’on veut faire taire. En cela « Certaines n’avaient jamais vu la mer » est une réussite.

A.A, Le Dauphiné Libéré

Splendeur de la mise en scène quand les paravents s’animeront des visages de celles qui n’avaient jamais vu la mer, et coulisseront pour nous mener d’Avignon au Japon, et aussitôt, par-delà l’océan, du Japon en Amérique. (…) Nous avons été émerveillés par la subtile poésie de cette mise en scène : pureté des lignes et des déplacements, douceur des visages et force des paroles. Sentiments durs et tristesse insoutenable, mais esquissés avec une grandeur délicatesse, comme dans Saigon l’an dernier. Magie d’Avignon lorsque l’orage commença d’entourer d’éclairs le cloître d’une lumière stroboscopique comme s’il était venu témoigner en personne de la douleur de ces femmes au cœur pur, aujourd’hui disparues mais jamais terrassées. Avant d’éclater en sanglots diluviens pour laver la scène et notre chagrin. Notre coup de tonnerre du Festival ! Boum !

La vie

La mise en scène est belle et très efficace, avec une mention particulière pour un usage de la vidéo maîtrisé : des gros plans de chacune des exilées avec un discours in petto offert au public, tons pastels accentuant encore ce sentiment que la douceur dans de telles circonstances est la meilleure démonstration de l’insupportable et de la frustration. Cette œuvre sert brillamment cette mémoire si facilement gommée de nos renoncements et de l’immense égocentrisme égoïste de ces petits blancs des plaines américaines. À voir avec révolte et tendresse.

Sébastien Descours, io/Gazette

Un beau travail qui fait renaître la mémoire de ces femmes à qui le metteur en scène rend ainsi un bel hommage.

Jean Couturier, Théâtre du Blog

Poème visuel à fortes résonnances incantatoires, « Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Richard Brunel se représente comme autant de touches de pinceau dont l’impact est de nature à nous impressionner du lever au coucher.

Yves Kafka, Inferno

La mise en scène est très douce, les éléments de décor sont mobiles et disparaissent dans les coursives. Les costumes, ultra soignés, nous font passer des tenues traditionnelles japonaises au cool américain.(…)Brunel nous parle d’une disparition, symbolisée par les mouvements des décors. Par exemple, on voit les filles travaillant sur leur machine à coudre être avalées par les arcades. Cela fonctionne magnifiquement. Brunel lance les chiens, un méchant et un gentil, et nous transporte dans le passé avec talent.

Amelie Blaustein Niddam, Toute la culture

Certaines n’avaient jamais vu la mer (The Buddha in the attic)
Julie Otsuka

Adapté du roman The Buddha in the Attic −The Marsh Agency Ltd, incorporating Paterson Marsh Ltd and Campbell Thomson & McLaughlin Ltd – Copyright © Julie Otsuka, 2011

Traduction française Carine Chichereau
Adaptation et mise en scène Richard Brunel
Dramaturgie Catherine Ailloud-Nicolas
Scénographie Anouk Dell’Aiera
Costumes Benjamin Moreau
Son Antoine Richard
Lumières Laurent Castaingt
Vidéo Jérémie Scheidler
Assistante à la mise en scène Pauline Ringeade

Production La Comédie de Valence, CDN Drôme-Ardèche
Coproduction Festival d’Avignon ; Théâtre des Quartiers d’Ivry, CDN du Val-de-Marne
Avec le dispositif d’insertion de l’École du Nord, soutenu par la Région Hauts-de-France et la DRAC Hauts-de-France

Avec

Simon Alopé,
Mélanie Bourgeois,
Youjin Choi,
Yuika Hokama,
Mike Nguyen,
Ely Penh,
Linh-Dan Pham,
Chloé Réjon,
Alyzée Soudet,
Kyoko Takenaka,
Haïni Wang
Natalie Dessay